UN LIVRE, UN FILM, UNE CHANSON…
DISTILLATEUR DE CULTURE
Avant d’être directeur de la culture et de la communication à la ville de Longwy, Thierry Cordier s’est fait un nom dans la chanson, produisant deux albums qui lui ont valu une certaine reconnaissance du milieu artistique.
Un 3ème opus est d’ailleurs en route, avec un EP 4 titres programmé au printemps en guise de mise en bouche.Thierry Cordier est comme les vieux vinyles : il est à double face. Sur la A, le directeur de la culture et de la communication à la ville de Longwy, rôle dans lequel il dirige les festivals Longwy la Nuit, du 3 au 13 juillet 2013 ancré dans les musiques actuelles, et Longovénitien, du 15 au 17 mars, sur des airs du célèbre carnaval de Venise.
Sur la B, le musicien autodidacte qui a appris le métier à Paris, où il passera sept ans de sa jeunesse bouillonnante de rock. L’auteur-compositeur sortira deux albums qui lui vaudront une certaine reconnaissance de la profession. Le premier, 1./kri/, est arrivé dans les bacs en 1998, suivi, dix ans plus tard, de Mon Intérieur. En décembre dernier, un CD deux titres était tiré à 13 000 exemplaires, dans le cadre d’une collaboration avec une maison d’édition. De fil en aiguille, ce projet est devenu un EP 4 titres, annoncé au printemps prochain, en attendant un nouvel opus qui se prépare en coulisses. « Ce sera quelque chose d’assez spontané », se contente de dévoiler Thierry Cordier.
Chose certaine : les concerts ne sont pas à l’ordre du jour. L’intéressé, qui a été intermittent du spectacle durant trois ans, confesse ne veut plus vouloir courir les cachets à droite et à gauche. Le travail en studio, et la petite communauté qui continue à le suivre, suffisent à son bonheur immédiat.
Il a accepté de jouer le jeu de notre rubrique, avec beaucoup d’hésitation dans un océan de choix…
GERMINAL d’Émile Zola
«Une révélation »
Il a beau ne pas être un grand lecteur, Thierry Cordier fait une exception avec l’oeuvre de Zola, qu’il a découverte au lycée et dont il possède la quasi-totalité des romans. « J’ai lu L’Assommoir et j’ai tout de suite adoré ce réalisme sombre qui me rappelle parfois l’univers un peu torturé de mes chansons. » Il cite aussi Les lettres de mon moulin, d’Alphonse Daudet, qui dépoussière d’agréables souvenirs. « Ma mère m’avait offert ce cadeau à Noël. On passait nos vacances d’été à la campagne, dans la Meuse. Je lisais ça le soir, avec le bruit de la rivière qui passait derrière notre maison. Ce livre me faisait rêver, j’entendais les cigales, et en même temps, ça me reliait au décor dans lequel je me trouvais, même si nous n’étions pas dans le Sud, contrairement au bouquin. Par la suite, on m’a offert Les lettres de mon moulin interprétées par Fernandel. Un vrai bonheur ce livre sonore : je fermais les yeux et je me faisais un film ! »
MIDNIGHT EXPRESS d’Alan Parker
«Une délivrance»
C’est presque son film de chevet. « J’ai dû le voir plus d’une dizaine de fois, et dès qu’il passe à la télé, je le regarde. » Midnight Express, signé Alan Parker, lui a fait l’effet d’un uppercut. « Un vrai choc ! », dit-il, avec une émotion palpable dans la voix. Chaque séquence de cette histoire basée sur des faits réels est incrustée dans sa mémoire. L’arrestation du héros en Turquie, par exemple, pour possession de drogue, « sa transpiration » suspecte dans une scène d’une rare intensité. L’absence de sous-titres, lorsqu’on lui parle en turc, « qui nous fait vivre son enfer», ou encore cet épilogue inattendu, synonyme pour le prisonnier américain de liberté, et qui procure encore son lot de frissons à Thierry Cordier. « La première fois que j’ai vu ce film, je me disais qu’il n’allait jamais s’en sortir. Quand il tue le gardien et qu’il arrive à s’échapper, j’avais presque envie de crier pour célébrer cette délivrance !»
LA NUIT JE MENS d’Alain Bashung
«Une émotion»
L’artiste disparu a marqué Thierry Cordier, qui a bien du mal à désigner une chanson dans son répertoire. Ce sera en fin de compte La nuit je mens, « pour l’orchestration et les arrangements ». « J’ai appris sa mort à la radio dans ma voiture», se souvient-il. « Je venais d’acheter son dernier album, Bleu Pétrole, et je faisais remarquer à ma femme la dimension testamentaire de certains morceaux… » L’entretien se termine sur une note plus joyeuse. Claude François, autre chanteur qu’il apprécie, lui a permis de remporter son premier concours de chant, à 11 ans. « J’avais repris Le lundi au soleil avec quatre copines qui faisaient les Clodettes. Je m’étais mouillé le crâne pour simuler la transpiration, et j’avais fait tournoyer ma chemise au-dessus de ma tête avant de la jeter dans le public», raconte-t-il en riant. Un souvenir de colonie qui n’a pas pris une ride.
O. Pierson
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